D’après un article de Sciences et Avenir N° 875 de Janvier 2020
Faisant l’objet de nombreuses études, la méditation fascine les chercheurs, tant pour ses effets sur la santé et le vieillissement que sur son action sur les gènes, au coeur de nos cellules
Le professeur Steven Laureys, neurologue, directeur du Coma Science Group au CHU de Liège est mondialement connu pour ses recherches sur la conscience et les cerveaux lésés.
Ce neurologue qui considérait dans les années 2000 la méditation « comme un phénomène de mode » a fait sa révolution suite à sa rencontre décisive avec le moine bouddhiste Matthieu Ricard dont il a étudié le cerveau en méditation. Il en est désormais convaincu, « la méditation, c’est bon pour le cerveau », titre de son dernier essai.
« La méditation est une gymnastique mentale qui n’a rien de magique ni d’ésotérique. Elle exerce la capacité de régulation de l’attention et des émotions » assure Steven Laureys.
La forme de méditation la plus connue en France est dite de pleine conscience (mindfulness) qui consiste à prendre conscience de ses pensées, émotions, sensations … sans porter de jugement
En France, ces programmes sont proposés dans plus de 30 hôpitaux, enseignés dans 5 diplômes universitaires (DU) et sont étudiés dans 19 programmes de recherche .
Une étude importante est lancée par l’Inserm de Caen, subventionnée par des fonds européens pour évaluer l’effet de la méditation sur le vieillissement.
Un colloque sur la pleine conscience, organisé par le ministère des solidarités et de la santé s’est tenu à l’assemblée nationale en juin 2019 : « la pratique de la méditation permet de développer une présence à soi et des compétences dont les bénéfices vont être nombreux sur la santé psychique et les relations sociales » a assuré Jérome Salomon, directeur général de la santé. « de nombreuses études scientifiques ont montré des résultats positifs de cette pratique laïque et protocolisée sur l’attention focalisée, les symptômes anxio-dépressifs, la prévention des rechutes dépressives et addictives, …..la diminution de la tension artérielle et une meilleure gestion de la douleur »
Steven Laureys ne croit pas que « la méditation soit une alternative à d’autres traitements mais peut être complémentaire «
Il détaille les effets secondaires de la méditation :
grâce à l’activation successive de différents réseaux neuronaux : ces effets ont été mis en évidence par l’enregistrement des images de l’activité cérébrales de volontaires en train de méditer :
Steven Laureys explique qu’un cycle méditatif se met en place en 4 phases, considérant la méditation comme un sport cérébral
Grâce à la méditation, l’attention est mobilisée ce qui est crucial pour un bon fonctionnement cognitif et une sensation de bien être.
La méditation permet aussi de réguler les émotions par une activation du cortex préfrontal gauche impliqué dans les émotions positives
Steven Laureys a même constaté chez Matthieu Ricard un épaississement de la matière grise dans les zones cérébrales déterminantes de l’attention, de la régulation et de la perception interne et de la mémoire avec une connectivité plus élevée entre ces régions.
Dès que le cerveau perçoit un danger, l’amygdale et les réseaux des émotions s’activent, déclenchant la libération d’hormones comme l’adrénaline et le cortisol. Lorsque le stress devient chronique, on peut voir apparaître rapidement des troubles du sommeil ou cardio vasculaires.
La méditation peut permettre d’apprendre à apaiser son mental, comme l’a montré l’équipe de Richard Davidson aux USA et d’Antoine Lutz du centre de recherches en neurosciences de Lyon (2018)
Plusieurs études réalisées en 2019 au Canada, en 2016 à Shangaï révèlent que les programmes de méditation améliorent de façon significative la qualité du sommeil et l’heure de réveil. Ces effets semblent être durables et sans effet secondaire comme les somnifères qui n’offrent pas un sommeil récupérateur mais simplement « un coma pharmacologique » explique Steven Laureys
« La douleur a une dimension physique et émotionnelle, assure Steven Laureys. » Ainsi le programme MBSR permet d’améliorer la qualité de vie des patients en leur permettant de diminuer ce ressenti émotionnel douloureux
Une étude sur 1285 patients atteints de douleurs chroniques réalisée par une équipe de l’université de Twente aux Pays Bas en 2016 concluent : « le programme de méditation de pleine conscience a un effet faible à modéré sur le vécu de le douleur mais peut partiellement compléter les traitements médicamenteux. La méditation peut donc aider à réduire les antalgiques »
Une autre étude réalise en 2010 à Montréal sur 17 méditants zen expérimentés (versus 18 témoins) soumis à un test de douleur ( chaleur sur la main) dont les cerveaux ont été analysés par IRM :
Résultats : « les méditants zen perçoivent davantage l’expérience sensorielle douloureuse que les autres, mais ils en ressentent moins les effets désagréables que les non experts. Comme si le ressenti physique et émotionnel étaient découplés »
La programme MBCT ne soigne pas la dépression mais en diminue le risque de rechute , comparé à un suivi habituel (sans médicament) et est aussi efficace qu’un traitement antidépresseur. (méta analyse effectuée sur 1258 patients dépressives en rémission)
Selon les auteurs de ce programme, Mark Williams et John Teasdale psychologues britanniques et Zindel Ségal Canadien, la méditation de pleine conscience permet de « couper à la racine » le retour des schémas cognitifs et affectifs négatifs qui peuvent, s’ils perdurent, conduire à la rechute.
Il existe des contre indications telles qu’un état dépressif en phase aiguë, un trouble bipolaire non stabilisé, un état dissociatif, des troubles psychotiques …
Tiré de l’article de Elena Sender du dossier de Sciences et Avenir de Janvier 2020.
Anic BRIONNE
Sophrologue Humaniste Expert-Praticienne Mindfulness
Associée Mindful Performance