Combien d’entre nous ont entendu cette phrase : « la curiosité est un vilain défaut ! » ?

Mais au fait, c’est quoi la curiosité à part un défaut ? Une capacité ? Une émotion ? Une compétence ?

J’ai envie de démarrer par cet Extrait de Erik Orsenna, de l’Académie française dans bloc note du 02 octobre 2014

« Comment tuer à jamais la phrase idiote qui a ravagé notre enfance « la curiosité est un vilain défaut » ?

Revenez au latin. Curiosité vient de cura, qui veut dire la cure, comme dans cure ou curatif.

Donc le curieux est celui, ou celle, qui prend soin.

Et c’est l’indifférence, le plus vilain, le plus asséchant des défauts, cette manière fermée de vivre, verrouillé en soi-même, sans jamais trouver matière ou personne à distinguer, à célébrer. »

Dans un article qui s’intitule « les 5 dimensions de la curiosité »- HBR février-mars 2019

Pour Todd B.Kashdan, David J.Disabato -Fallon R. Goodman, et Carl Naughton – les co-auteurs de l’article :

  • « La curiosité améliore l’intelligence ;
  • Elle augmente la persévérance ou le courage ;
  • Elle nous pousse à plus d’engagement et à des performances plus élevées. »

A contrario, le défaut de curiosité ou le défaut de son expression, notamment dans certaines organisations, où il sera mal vu ou difficile d’exprimer cette curiosité, entraînera de l’ennui, du désintérêt et de la démotivation chez le collaborateur.

De fait, les organisations ont beaucoup à gagner en encourageant cette curiosité.

Je vais tenter d’illustrer cette curiosité : une capacité, une émotion ou une compétence ?

La curiosité comme émotion :

Jon Kabat Zinn, professeur de médecine, américain ; fondateur du Center for Mindfulness in Medicine, Health Care, and Society, de l’université médicale du Massachusetts.
Créateur de programmes de Réduction du stress basée sur la pleine conscience (MBSR)

Précise :

« Une des attitudes travaillée, entrainée est celle d’ouverture et de curiosité, à la découverte de chaque instant. Le développement de cette émotion de l’enfance qu’est la curiosité, l’étonnement, est des piliers de la mindfulness. »

Le mot émotion vient du latin ex-movere, qui sort de (du corps), et qui met en mouvement. En effet, la curiosité, le fait de s’intéresser à un sujet, une personne va nous mettre en mouvement, va générer une action.

Imaginez-vous, il y a quelques jours, le matin en ouvrant vos volets. La neige a recouvert tout le paysage, votre jardin, ses plantes et arbustes, le cabanon dans lequel vous rangez les outils, ou votre rue, avec les lampadaires, les abribus, les arbres, les trottoirs … tout cela recouvert de blanc, d’une belle épaisseur.

Vous découvrez tout ce décor avec des yeux nouveaux. Comme le décor a changé, est différent de ce que vous voyez chaque jour ! Vous écarquillez les yeux. La curiosité est présente ; un instant d’arrêt peut se manifester.
Cela vous évoque une pensée : « oh là là, ça va être le bazar pour aller travailler ! «

Ou bien

« oh j’adore, cela me rappelle quand j’allais à l’école ; je retrouvais mes copains, on faisait le trajet à pieds, qu’est-ce qu’on rigolait

Et puis vous continuez à observer, à découvrir cette nouvelle vue, ce tableau, ce décor, cette situation ; que ressentez-vous ? En continuant à observer, peut-être que le rythme de cette journée est déjà différent… l’épaisseur de le neige, quelques oiseaux qui gazouillent, des passants emmitouflés dans leur manteau qui marchent plus ou moins rassurés, les sons absorbés, la lumière blanchie …

A ce moment-là, une envie s’empare de vous ; vous allez passer à l’action

Le partager avec votre conjoint, votre enfant, un voisin … Profiter de cet instant …

Sortir vous promener …
Et vous, qu’avez-vous fait ?

La curiosité comme capacité :

Les avantages de la curiosité sont nombreux. En développant cet état curieux nous améliorons notre relation aux autres, nous générons plus d’échanges avec nos collègues.

Grâce à cette attitude d’ouverture, ouverture d’esprit, je me tourne vers un sujet nouveau, vers une personne. Je m’intéresse à la personne ou au thème. Je vais questionner, commenter, créer du contact et des échanges. Il est d’ailleurs probable que de ces échanges ressorte une modification du projet en question : les collaborateurs auront échangé et partagé de nouveaux points de vue …

En manifestant de l’ouverture d’esprit, nous nous engageons également sur le chemin du non-jugement, d’accueil de ce qui est, des évènements. En entreprise, cela va se traduire par l’accueil d’un nouveau projet ou par la façon dont un projet a été traité, un autre regard porté par un collaborateur.

La curiosité comme compétence :

Avec curiosité, vous allez considérer ce projet sous différents angles, vous allez l’explorer avec tous vos savoir-faire mais surtout avec toute votre imagination et vos émotions.

Vous allez faire des nouvelles expériences, créer, faire des erreurs, jeter, recommencer, partager, montrer …

Francesca Gino, article dans HBR de février-mars 2019 « La curiosité en entreprise » commence par :

« Les grandes découvertes et les inventions révolutionnaires qui jalonnent notre histoire, du silex pour allumer un feu, à la voiture autonome, ont un point commun : elles résultent de notre curiosité. »

Et vous, quelle est la dernière fois où vous avez été curieux/se à votre travail ?

Je vais terminer par une bonne nouvelle !

Comme nous pratiquons un sport ou comme nous jouons de la musique, chacun d’entre nous peut réveiller, stimuler, voire enflammer cette émotion –capacité !

La pratique de la mindfulness (méditation de pleine conscience) permet cela et est accessible à tous. Cette pratique nous amène à nous entrainer à être présent, avec nos sens, nos pensées, tout ce qui nous entoure et à être conscient de ce qui se passe, en nous et à l’extérieur.

La curiosité, cette richesse personnelle :

  • génère des échanges et de l’intérêt
  • améliore la communication au sein de l’entreprise
  • participe concrètement à l’avancement de projets
  • augmente la créativité par la qualité de l’observation
  • contribue à la motivation du collaborateur

est un atout clé dans le monde de l’entreprise.